. |
«
PIERRE LUI DIT: NON SEULEMENT LES PIEDS, MAIS AUSSI LES MAINS ET LA TÊTE
!
»
La
stupéfaction
de
Pierre,
lorsqu'il
voit
le
Maître
interrompre
le
repas
pour
rev
êtir
la
tenue
des
esclaves
et
remplir
leurs
fonctions,
est
celle
du
chrétien
de
tous
les
temps
à
la
lecture
de
cet
épisode.
Il
était
courant
de
faire
laver
les
pieds
d'un
hôte
de
marque,
mais
ce
service,
accompli
avant
le
repas,
était
considéré
si
humble
qu'on
ne
pouvait
même
pas
l'exiger
d'un
esclave
israélite.
Ce
relief
(du
portail
central
de
Saint
Gilles,
Gard;
XII'°s.)
montre
le
bouillant
apôtre,
après
la
réponse
du
Christ
(chap.
13,
vers.
8),
aussi
excessif
dans
son
consentement
qu'il
l'a
été
dans
sa
protestation
première.
Ainsi
le
Verbe
incarné,
qui
dispose
de
la
puissance
du
Père
(vers.
3),
donne
à
ses
disciples,
sans
en
excepter
celui
dont
il
connaît
déjà
la
trahison
(vers.
2),
une
suprême
marque
d'amour
en
se
faisant
leur
serviteur
.
Il
faut
probablement
admettre
que
la
datation:
«avant
la
fête
de
la
Pâque»
(vers.
1),
renvoie
au
13
du
mois
de
nisan,
car
la
fête
commençait
au
soir
du
14
par
le
repas
pascal,
que
le
Christ
a
peut-être
ainsi
anticipé.
Jean
n'en
parle
pas;
non
plus
que
de
l'institution
de
l'Eucharistie:
il
suppose
les
faits
parfaitement
connus
de
tous
ses
lecteurs.
(CI.
Lanaud.
|
. |
|
13. |
Le
lavement
des
pieds.
«L'un
de
vous
me
livrera.»
Annonce
du
reniement
de
Pierre.
«
Aimez-vous
les
uns
les
autres.» |
|
|
1. |
Avant
la
fête
de
la
Pâque,
Jésus,
sachant
que
son
heure
était
venue
de
passer
de
ce
monde |
|
à
son
Père,
ayant
aimé
les
siens
qui
étaient
dans
le
monde,
les
aima
,jusqu'au
bout. |
2. |
Au cours du repas, alors que le diable avait déjà mis dans
le
cœur
de
Judas
Iscariote,
fils
de |
|
Simon,
le
dessein
de
le
livrer, |
3. |
sachant
que
le
Père
lui
avait
tout
remis
entre
les
mains
qu'il
était
venu
de
Dieu
et
qu'il |
|
retournait
vers
Dieu |
4. |
Jésus
se
lève
de
table,
dépose
son
vêtement
et
prend
un
linge
dont
il
se
ceint; |
5. |
puis
il
verse
de
l'eau
dans
un
bassin,
et
se
met
à
laver
les
pieds
de
ses
disciples
et
à
les |
|
essuyer
avec
le
linge
dont
il
était
ceint. |
6. |
Il
arrive
ainsi
à
Simon
-Pierre,
qui.
lui
dit:
«
Seigneur,
tu
veux
me
laver
les
pieds!
» |
7. |
Jésus
lui
répondit:
«Ce
que
j'accomplis,
tu
ne
le
comprends
pas
maintenant.» |
8. |
Pierre
lui
dit:
«Non,
tu
ne
me
laveras
jamais
les
pieds.»
Jésus
lui
répliqua:
«
Si
je
ne
te
lave |
|
pas,
tu
n'auras
pas
de
part
avec
moi.
» |
9. |
Simon-
Pierre
lui
dit:
«Seigneur,
non
seulement
les
pieds,
mais
aussi
les
mains
et
la
tête.» |
10. |
«Celui
qui
s'est
baigné,
lui
dit
Jésus)
n'a
besoin
de
se
laver
que
les
pieds:
il
est pur
tout |
|
entier.
Et
vous
aussi
vous
êtes
purs,
mais
non
pas
tous.» |
11. |
Il
savait,
en
effet,
qui
allait
le
livrer,
c"est
pourquoi
il
dit:
«Vous
n'êtes
pas
tous
purs.
» |
12. |
Quand
il
leur
eut
donc
lavé
les
pieds,
qu'il
eut
repris
son
vêtement
et
se
fut
remis
à
table,
il |
|
leur
dit
«
Comprenez-vous
ce
que
je
vous
ai
fait? |
13. |
Vous
m'appelez
Maître
et
Seigneur,
et
vous
avez
raison
car
je
le
suis. |
14. |
Si
donc
je
vous
ai
lavé
les
pieds,
moi
le
Seigneur
et
le
Maître,
vous
devez
vous
aussi
vous |
|
laver
les
pieds
les
uns
aux
autres; |
.... |
|
|
«SI
DONC
JE
VOUS
AI
LAVE
LES
PIEDS.,
VOUS
DEVEZ
AUSSI
VOUS
LAVER
LES
PIEDS
LES
UNS
AUX
AUTRES.»
L'
Église
n'a
pas
institué
de
rite
qui
impose
aux
fidèles
le
lavement
mutuel
des
pieds,
mais
ne
cesse
d'enseigner
la
leçon
d'humilité
et
de
charité
que
le
Christ
tire
lui-même
de
son
geste
(vers.
14-17).
Et,
quoique
plus
discrète
que
celle
de
jadis,
la
liturgie
actuelle
a
cependant
conservé
la
possibilité
du
«lavement
des
pieds»
pendant
l'office
du
jeudi
saint
en
mémoire
de
ce
que
fit
Jésus
(ci-contre:
aiguière
et
bassin
destinés
à
cet
usage)
se
mettant
ainsi
au
service
de
ses
douze
apôtres.
Ceux-ci
allaient
probablement
les
pieds
exposés
aux
poussières
des
chemins,
qu'ils
soient
ou
non
protégés
de
sandales,.
et
pour
eux,
comme
pour
ces
coureurs
de
brousse
(ci-dessous
),
l'ablution,
symbole
de
purification,
était
aussi
un
confort.
(CI.
Hayaux
du
Tilly
-
Rapho
et
M.-
T.
Cattoir.)
|
. |
|
|

|
. |
|
15. |
e
vous
ai
donné,
en
effet,
un
exemple,
afin
que
ce
que
je
vous
ai
fait,
vous
le
fassiez
vous
. |
|
aussi |
16. |
En
vérité,
en
vérité
je
vous
le
dis,
le
serviteur
n'est
pas
plus
grand
que
le
maître,
ni
l'envoyé |
|
que
celui
qui
l'envoie. |
17. |
Si
vous
comprenez
cela,
vous
serez
bienheureux
si
vous
le
mettez
en
pratique! |
18. |
Je
ne
parle
pas
de
vous
tous;
je
sais
ceux
que
j'ai
choisis.
Mais
il
faut
que
l'
Écriture |
|
s'accomplisse:
Celui
qui
mange
mon
pain
a
levé
le
talon
contre
moi. |
19. |
Je
vous
le
dis
dès
maintenant,
avant
que
cela
n'arrive,
afin
que,
lorsque
cela
se
produira, |
|
vous
croyiez
que
je
suis. |
20. |
En
vérité,
en
vérité
je
vous
le
dis,
celui
qui
reçoit
celui
que
j'envoie
me
reçoit,
et
celui
qui
me |
|
reçoit
reçoit
Celui
qui
m'a
envoyé.» |
21. |
A
ces
mots,
Jésus
fut
troublé
en
esprit
et
il
rendit
ce
témoignage:
«
En
vérité,
en
vérité
je |
|
vous
le
dis,
l'un
de
vous
me
livrera.
» |
22. |
Les
disciples
se
regardèrent
les
uns
les
autres,
incapables
de
savoir
de
qui
il
parlait. |
23. |
Or,
l'un
des
disciples
reposait
sur
le
sein
de
Jésus,
c'était
celui
que
Jésus
aimait. |
24. |
Simon-
Pierre
lui
fit
signe
et
lui
dit:
«Demande
quel
est
celui
dont
il
parle.
» |
25. |
Ce
disciple
se
pencha
donc
vers
la
poitrine
de
Jésus
et
lui
demanda:
«Seigneur,
qui
est
-
ce
?» |
26. |
Jésus
lui
répondit:
«C'est
celui
â
qui
je
donnerai
la
bouchée
que
je
vais
tremper.»
Il
trempa |
|
donc
une
bouchée,
la
prit
et
la
donna
à
Judas,
fils
de
Simon
l'Iscariote. |
. |
|
|
«JÉSUS
LUI
RÉPONDS:C'
EST
CELUI
A
JE
DONNERAI
LA
BOUCHÉE
QUE
JE
VAIS
TREMPER.
»
Il
faut
imaginer
alors
les
apôtres,
non
pas
assis
autour
d'une
table
comme
les
ont
représentés
les
artistes
de
notre
civilisation
(ci-contre:
œuvre
de
Martin
Schongauer,.
XV'
s.,.
au
musée
Unterlinden,
à
Colmar),
mais
étendus
à
l'orientale
sur
des
tapis
et
coussins.
Jean,
«celui
que
Jésus
aimait»
(vers.
23),
se
trouve
probablement
devant
le
Maître,
installé
un
peu
plus
bas
que
lui
afin
de
ne
pas
gêner
son
accès
au
service,.
la
tête
donc
à
la
hauteur
de
la
poitrine
de
Jésus
avec
qui
il
peut
ainsi
converser
à
voix
basse
en
se
tournant
légèrement.
Pour
désigner
le
traître,
Jésus
lui
tend
«
une
bouchée»
,.
sans
doute
une
de
ces
poignées
d'herbes
qu'on
trempait
au
cours
du
repas
pascal
dans
une
sauce
amère.
Il
arrive
qu'une
telle
attention
honore
un
hôte
de
nos
jours
encore,
en
Afrique
par
exemple.
Judas
sort
«
dans
la
nuit»
(vers.
30),.
tandis
que
rayonnent
au
Cénacle
les
paroles
de
lumière
et
d'amour.
(CI.
Giraudon.)
|
. |
|
27. |
Après
la
bouchée,
Satan
entra
en
lui.
Jésus
lui
dit:
«
Ce
que
tu
vas
faire,
fais-le
vite.
» |
28. |
Aucun
de
ceux
qui
étaient
à
table
ne
comprit
pourquoi
il
lui
disait
cela. |
29. |
Certains
pensaient,
parce
que
Judas
détenait
la
bourse,
que
Jésus
lui
disait:
«
Achète
ce |
|
dont
nous
avons
besoin
pour
la
fête
»,
ou
bien:
«Donne
quelque
chose
aux
pauvres.
» |
30. |
Celui-ci,
ayant
pris
la
bouchée,
sortit
immédiatement.
"
C'était
la
nuit. |
31. |
Lorsqu'il
fut
sorti,
Jésus
dit:
«Maintenant,
le
Fils
de
l'homme
a
été
glorifié
et
Dieu
a
été |
|
glorifié
en
lui. |
32. |
Si
Dieu
a
été
glorifié
en
lui,
Dieu
à
son
tour
le
glorifiera
en
lui,
et
c'est
sans
tarder
qu'il
le |
|
glorifiera. |
33. |
Mes
petits
enfants,
je
ne
suis
plus
avec
vous
que
pour
peu
de
temps.
Vous
me |
|
chercherez,
et
ce
que
j'ai
dit
aux
Juifs:
Où
je
vais
vous
ne
pouvez
aller.
Je
vous
le
dis
maintenant
à
vous
aussi. |
34. |
Je
vous
donne
un
commandement
nouveau.
C'est
de
vous
aimer
les
uns
les
autres. |
. |
|
|
«JE
VOUS
DONNE
UN
COMMANDEMENT
NOUVEAU.
C'
EST
DE
VOUS
AIMER
LES
UNS
LES
AUTRES
COMME
JE
VOUS
AI
AIMÉ...
À
CELA,
TOUS
RECONNAÎTRONT
QUE
VOUS
ÊTES
MES
DISCIPLES...
»
La
formulation
du
précepte
essentiel
de
la
loi
chrétienne
ouvre
le
dernier
entretien
du
Christ
avec
l'ensemble
de
ses
apôtres.
A
ceux
qui
sont
ses
« petits enfants », le Maître confirme l'imminence de son
départ.
Tel
un
chef
de
famille
qui
sait
venue
l'heure
de
mourir,
il
lègue
son
héritage
spirituel
et
dicte
ses
ultimes
volontés.
Le
commandement
d'aimer
son
prochain
figurait
déjà
dans
la
Loi
de
Moïse
(Lévitique,
chap.
19,
vers.
18).
Mais
Jésus
l'a
«renouvelé»
en
l'élevant
au
même
niveau
que
le
commandement
de
l'amour
de
Dieu
(Matthieu,
chap.
22,
vers.
39),
et
en
précisant
que
l'ennemi,
le
persécuteur
(Matthieu,
chap.
5,
vers.
43-48),
l'étranger
(Luc,
chap.
10,
vers.
30-37)
sont
aussi
«le
prochain
».
L'antique
prescription,
transfigurée
par
la
grâce
du
Christ,
est
de
plus
illuminée
par
son
exemple..
aimer
son
prochain
«comme
il
a
aimé»
ses
disciples
(à
droite:
la
famille
apostolique,.
Xlll"
s.)
;
relief
de
l'église
du
Bourget,
en
Savoie)
,c'est
donner
sans
attendre
d'être
redevable,
et
c'est
aller
«jusqu'au
bout»
(chap.
13,
vers.
1)
dans
son
amour.
(CI.
Tournus.)
|
. |
|
|
Comme
je
vous
ai
aimés,
aimez-vous
les
uns
les
autres. |
35. |
A
cela
tous
reconnaîtront
que
vous
êtes
mes
disciples:
si
vous
avez
de
l'amour
les
uns
pour |
|
les
autres.
» |
36. |
Simon-
Pierre
lui
dit:
«Seigneur,
où
vas-tu?
»
Jésus
répondit:
«
Où
je
vais,
tu
ne
peux
me |
|
suivre
maintenant;
tu
me
suivras
plus
tard.
» |
37. |
«Seigneur,
lui
dit
Pierre,
pourquoi
ne
puis-je
te
suivre
à
présent?
Je
livrerais
ma
vie
-pour |
|
toi!» |
. |
|
|
«
SEIGNEUR
LUI
DIT
PIERRE
POURQUOI
NE
PUIS
-JE
TE
SUIVRE
A
PRÉSENT
JE
LIVRERAIS
MA
VIE
POUR
TOI.»
Dès
ce
jour,
Pierre
a
bien
sûr
la
volonté
de
suivre
«jusqu'au
bout»
lui
aussi
le
Maître
qu'il
aime;
et
pour
lui,
en
effet,
il
souffrira
un
jour
le
martyre
(ci-
conre
le
supplice
du
prince
des
apôtres,
tel
que
le
décrit
la
tradition;
il
aurait
été
crucifié
la
tête
en
bas,
sous
Néron,
entre
64
et
67;
relief
de
Lucca
della
Robbia;
XV"
s.
;
musée
du
Bargello,
Florence).
Mais
sur
l'heure,
il
n'a
pas
encore
reçu
en
plénitude
le
don
de
l'Esprit
saint,
et
si
sa
sincérité
ne
laisse
aucun
doute
(chap.
13,
vers.
37),
la
force
lui
manquera
(chap.
18,
vers.
17,
25
et
27).
(CI.
Scala.)
|
. |
|
38. |
«Tu
livrerais
ta
vie
pour
moi?
répond
Jésus.
En
vérité,
en
vérité
je
te
le
dis,
le
coq
ne
chantera
pas
que
tu
ne
m'aies
renié
trois
fois.» |